Economie

Le mégaprojet Simandou dont le volume des investissements devrait être compris entre 15 et 21 milliards USD (Ndlr : selon les chiffres officiels) cristallise les espoirs de tout un peuple. Mais les choses ne sont pas aussi simples, eu égard aux nombreuses entourloupes qui entravent son développement réel…

A partir de mars 2022, date de la décision d’arrêt des travaux, un tour de passe-passe a permis de passer de conventions légalement ratifiées par l’ex assemblée nationale élue à une situation mi-figue mi-raisin, hors des standards habituels pour ce type de gisement minier, laissant planer de sérieuses réserves sur la possibilité de concrétiser le volet « co-développement » du projet.

Récemment Winning Consortium Simandou (WCS) a dû reporter des événements importants initiés en faveur des populations, sans explications officielles.

Dernière compagnie à bénéficier de conventions sur les blocs 1 et 2 (Ndlr : les blocs 3 et 4 étant contrôlé par Rio Tinto) entre Novembre 2019 et début 2020, WCS reste à ce jour, la seule entité qui a effectivement entamé dès après avoir remporté l’appel d’offres international – devant au géant australien Fortescue – des travaux d’envergure visant à construire et le chemin de fer dénommé « Transguinéen » et le port en eau profonde prévu à Moribayah (Forécariah).

Suite au putsch militaire survenu en septembre 2021, le destin du projet a changé avec une première décision d’arrêt des travaux en mars 2022, puis une seconde en juillet de la même année, quand des idées bizarres sont venues polluer la dynamique initiale qui était validée par l’ensemble des investisseurs qui accompagnent les activités de WCS.

Un coup dur qu’il sera difficile de redresser tant il est vrai qu’entre les entreprises et ceux qui décident de financer leurs activités, toute insécurité juridique pourrait provoquer des réticences, voire des difficultés supplémentaires dans les négociations.

La nouvelle Compagnie du Transguinéen (CTG) qui a imposé un co-développement des infrastructures satisfait peut-être des « calendriers particuliers » et une certaine vision de l’activité minière, mais dans les faits, le financement des ouvrages sera beaucoup plus difficile à coordonner compte tenu de la divergence des intérêts en jeu.

Dans une logique simple, l’Etat guinéen et WCS trouvent un réel profit à aménager rapidement les ouvrages devant servir à l’évacuation du minerai. Pour la Guinée, outre le chemin de fer, le port en eau profonde et les ouvrages accessoires qui vont contribuer à transformer structurellement son économie, une exploitation du Simandou va lui permettre d’entrer par la grande porte dans le cercle très fermé des producteurs de fer pouvant servir à produire du « green steal » (acier vert, moins vorace en énergie) et d’engranger des revenus substantiels. Plus d’1 milliard USD par an, selon les prévisions de 2019.

Pour WCS et son allié Baowu Steel, l’exploitation du Simandou marquera un premier pas vers la sécurisation des approvisionnements de minerais de fer destinés aux aciéries chinoises.

WESTAF MINING indiquait dans son numéro 00 du 15 Janvier 2021, qu’un rapport de Morgan Stanley soutenait que les aciéries implantées en Chine vont économiser au moins 7 milliards USD à partir du début d’exploitation du méga-gisement guinéen.

Selon ce rapport, la Chine importe ces dernières années plus d’un milliard de tonnes de fer provenant de sources diverses, dont l’Australie, à un coût (environ 90 USD) dépassant la moyenne mondiale (environ 70 USD)…

Cette position semble différente de celle du géant Rio Tinto, présente en Guinée depuis 1997 (via RTZ Mining) sans jamais débuter la moindre construction des infrastructures d’évacuation, en dépit de multiples promesses.

A ce propos, l’entreprise anglo-australienne est déjà investie dans le marché très lucratif du fer et gère des mines exploitées dans d’autres pays mais dont l’essentiel de la production est vendue en… Chine.

Source : Westaf Mining

Titre : Guinee7.com

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